Etre svelte, posséder un corps parfait, est devenu un must sociétal, sous-tendant l’essor de la médecine cosmétique. A côté des lipodystrophies vraies, des graisses sous-cutanées avec irrégularités de surface de la peau – couramment mais improprement appelées cellulite – conduisent nombre de patientes dans le cabinet de leur médecin. Le Conseil supérieur de la santé (CSS), interrogé sur la sécurité et l’efficacité des techniques de lipolyse par la ministre de la Santé, vient de formuler quelques recommandations. La première est de calmer les attentes parfois irréalistes du public en communiquant sans équivoque sur l’inefficacité relative – voire les risques de complications – de ces méthodes.
Le CSS ne s’est pas intéressé à la liposuccion, gold standard incontesté en matière de réduction de graisse, mais bien aux techniques non chirurgicales. Il les répartit en méthodes physiques et chimiques. Font partie de la première catégorie les techniques faisant appel aux radiofréquences, aux ultrasons, la laser thérapie, la cryolipolyse, la LPG/endermologie et l’alphalipolyse. On retrouve dans la seconde, qui suppose injection de produits, la carboxythérapie, la mésothérapie et l’adipolyse DC (déoxycholate) et PC (phosphatidylcholine-déoxycholate).
Des preuves, quelles preuves ?
Les experts du CSS ont constaté, en screenant la littérature, que celle-ci était fort clairsemée et peu contributive. Des études randomisées de l’effet à long terme des diverses méthodes ne seraient pas un luxe, estiment-ils.
Les techniques physiques, assène le CSS, possèdent au mieux un effet temporaire et ont surtout un important effet placebo. Il relève des complications limitées mais souligne qu’il serait nécessaire d’opérer un contrôle qualité sur les dispositifs mis sur le marché belge et, pour certaines techniques, de s’inquiéter de l’exposition du médecin aux rayonnements électromagnétiques.
Les techniques chimiques, pour leur part, ont démontré leur efficacité et, dans le cas de l’adipolyse DC/PC, à long terme. Mais les auteurs qualifient les complications de cette dernière de « redoutables » (hyperpigmentation, irrégularités de contour, nécroses cutanées…) – ce qui le pousse à réclamer qu’elle ne soit pratiquée que par des mains expérimentées (médecins esthétiques, dermatologues ou chirurgiens plasticiens ayant reçu la formation adéquate).
Moins de faux espoirs, plus de prudence
Le Conseil supérieur suggère que les autorités de la Santé, compétentes en matière de publicité, informent correctement le public tant sur la pauvreté des résultats objectivés que sur les dangers inhérents à certaines pratiques. En attendant une éventuelle campagne à venir sous la prochaine législature, un tableau synthétique peut vous aider à contribuer à cet effort d’éducation des patient(e)s. Il est repris pages 3 et 4 de l’avis du CSS et aligne, face à chaque technique, l’efficacité, l’existence ou le défaut de preuve scientifique et les risques auxquels s’exposent les usagers.
Mise en ligne: 16/05/2014