Le baclofène n’a rien d’une découverte récente. La molécule est connue depuis une quarantaine d’années. Les neurologues l’emploient régulièrement dans le traitement de la SEP et des spasticités sévères. Le public francophone aussi la connaît, au moins de nom. Et pour cause : la France a été le théâtre d’une controverse enflammée et fortement médiatisée à propos de la pertinence d’y recourir pour traiter l’alcoolodépendance.Olivier Ameisen, médecin français qui était lui-même lourdement dépendant, a usé de la molécule, à fortes doses, pour se débarrasser de son assuétude. Tandis que facultés et services d’addictologie restaient sur la défensive, il en a tiré un livre. « Ce qui est donc particulier avec ce médicament, c’est que dans l’indication alcoolodépendance, il a fait son chemin ‘bottom-up’, du public qui en avait entendu parler au corps médical », relate Thomas Orban, responsable de la cellule alcool.
En Belgique, pas de polémique. Mais pas pour autant de cadre légal comparable à celui que la France a fini par instaurer en émettant une « recommandation temporaire d’utilisation » du baclofène dans l’alcoolodépendance. « Ce qui veut dire que, chez nous, la molécule s’utilise forcément off label et sans remboursement », résume Thomas Orban. Engager sa responsabilité de prescripteur est-il fondé ? L’efficacité du baclofène à amener une réduction de consommation en rendant les patients « indifférents » à l’alcool, est en cours d’évaluation, en France notamment, via des études en double aveugle en médecine de ville et en service d’addictologie. Par ailleurs, à l’échelle de l’Europe, quatre études de suivi sont actuellement menées, dont l’une en Belgique, appelée « BacloBel », sous la houlette de la SSMG justement. En maîtres d’œuvre de l’opération, les Drs Orban et Dor peuvent relater que, parmi la soixantaine de patients suivis, les résultats sont globalement concluants. Il y a bien des échecs, et des effets secondaires, mais ces derniers sont limités par une augmentation volontairement très progressive des doses.
Rendez-vous ce 17 mai
Une occasion toute trouvée se présente d’en apprendre davantage sur la molécule et les enseignements de BacloBel : la journée d’étude spécifique mise sur pied par la cellule alcool, en étroite collaboration avec le service de psychiatrie du Pr Verbanck, à Brugmann.
Vous trouverez toutes les informations pratiques sur ce rendez-vous inédit en haut à droite de cette e-news SSMG, en rubrique agenda, ou en cliquant ici. Le programme est riche, puisque qu’il comprend notamment des exposés sur la pharmacologie du baclofène, l’expérience qu’on en a en neurologie, la situation dans les pays limitrophes, des cas cliniques, l’évocation d’une expérience conduite à Lille avec le produit… Alors que l’abstinence de toute boisson alcoolisée est longtemps demeurée l’objectif thérapeutique vers lequel tendre, on admet aujourd’hui que chez certains patients, la « simple » réduction des quantités pour une consommation contrôlée peut s’avérer une alternative tout à fait valable.
Mise en ligne : 28/04/2014