A partir du 1er mars, l’UZ Gand et le CHU Saint-Pierre disposeront chacun d’un centre de référence dédié à la prise en charge multidisciplinaire des femmes ayant subi des mutilations génitales (MGF), subsidié par l’Inami à hauteur de 500.000 euros annuels. Cette initiative complète l’arsenal de mesures existant en amont, pour prévenir et réprimer de tels actes. Le code pénal prévoit ainsi un emprisonnement de trois à cinq ans pour qui pratique, facilite ou favorise toute forme de MGF (clitoridectomie, excision ou infibulation…). Si la mutilation est pratiquée sur une mineure, la réclusion va de cinq à sept ans. Pour les associations spécialisées, il s’agit déjà là un outil de responsabilisation à l’égard de l’entourage familial, social, religieux ou culturel.
2.500 fillettes à protéger
A en croire la seconde édition d’une étude de prévalence financée par le SPF Santé publique et médiatisée en parallèle à l’annonce de l’ouverture imminente des centres de référence, un bon 48.000 femmes et filles originaires d’un pays où se pratique l’excision (Guinée, Somalie, Egypte, Côte d’Ivoire, Sénégal, Ethiopie…) vivaient en Belgique au 31 décembre 2012, principalement dans la Région de Bruxelles-Capitale, la province d’Anvers et celle de Liège. Sur ce total, plus de 13.000 femmes sont très probablement déjà excisées (contre un peu plus de 6.000 en 2008) et plus de 4.000 jeunes filles courent le risque de l’être à leur tour (un peu moins de 2.000 en 2008). Le nombre de fillettes de moins de cinq ans qui requièrent une attention spéciale pour éviter qu’elles ne soient victimes d’une excision, soit sur le territoire belge soit lors d’un retour au pays pendant les vacances, a plus que doublé, atteignant quasi 2.500.
Outre le fait de protéger les petites filles à risque (le secret professionnel peut par ailleurs être levé dans cette optique), il y a nécessité flagrante de prendre en charge les complications gynéco-obstétricales et psycho-sexuelles que peuvent présenter les femmes excisées. Les deux centres de référence auront pour mission de coordonner les soins médicaux appropriés – en ce compris une opération de reconstruction du clitoris, lorsqu’elle est indiquée – et de proposer à la victime un soutien médical, paramédical, psychologique et social.
160 pages pour les professionnelsUn guide à l’usage de tous les professionnels en contact avec les communautés susceptibles de pratiquer les MGF, professionnels incluant les médecins, a été édité en 2011 par le SPF Santé publique en collaboration avec GAMS Belgique, le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles. |
Mise en ligne : 7/02/2014