Les seuls diagnostics nécessitant la prise de méthylphénidate sont la narcolepsie et le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Le diagnostic et le traitement de ce dernier portent régulièrement à discussion. Bien que les symptômes de TDAH soient fréquents (hyperactivité, impulsivité et problèmes d’attention), il n’est question de diagnostic de TDAH que s’il existe un impact significatif évident sur le fonctionnement psychique ou social, les apprentissages, le développement ou le travail. La prévalence chez les enfants est évaluée, selon que l’on s’appuie sur les critères de l’ICD-10 ou du DSM-IV, à 2 à 9% (2 à 5% chez les adultes).
Des experts en psychiatrie, pédopsychiatrie, neuropédiatrie, neurologie, psychologie et pharmacologie convoqués par le Conseil supérieur de la santé (CSS) viennent de conclure, en substance, qu’après une éventuelle appréciation initiale par la première ligne, le diagnostic, la dispensation de conseils et la mise en place du traitement (certainement s’il est médicamenteux) relèvent d’une équipe de médecins spécialisés, experts de deuxième voire de troisième ligne qui auront acquis des connaissances et compétences spécifiques en la matière.
Le diagnostic ne peut être posé sur la seule base de l’un ou l’autre questionnaire ou échelle comportementale, insiste le CSS. Il repose sur une mise au point multidisciplinaire qui comprend, entre autres, une évaluation clinique et psychosociale complète focalisée sur le comportement, la gêne induite par le trouble et sa persistance dans divers domaines et environnements de la vie.
TDAH modéré : d’abord sans médicament
Au chapitre prise en charge, le CSS plaide pour des formations de groupe pour les patients TDAH, développant les aptitudes centrées sur l’autocontrôle, la résolution des problèmes et/ou le fonctionnement social, complétées si nécessaire d’une offre individuelle de thérapie cognitivo-comportementale. Si cela ne porte pas ses fruits, un traitement médicamenteux de type méthylphénidate combiné peut être administré. Ce dernier est de mise en cas de TDAH sévère, et constitue le premier choix chez les plus de 18 ans. Pour le CSS, une fois lancé par le spécialiste de deuxième ligne, le traitement peut se poursuivre sous la surveillance du médecin de famille, moyennant un contrôle annuel par le spécialiste.
La mise en œuvre de certaines des recommandations nécessite un remodelage du paysage des soins de santé mentale en Belgique, avec développement des prises en charges psycho-sociales et travail sur leur accessibilité, prévient le CSS. L’absence de remboursement des psychologues, par exemple, rend le soutien psychologique difficile à assumer financièrement pour les parents. Le CSS pense aussi qu’il faut proposer à ces derniers des programmes d’entraînement evidence based au renforcement des aptitudes parentales et des capacités éducatives vis-à-vis d’enfants atteints de troubles des conduites.
Plus d’infos ?
L’avis TDAH est disponible en ligne, dans son intégralité, sur le site du CSS. Le CSS s’était déjà penché sur la sécurité et les effets indésirables des médicaments employés dans le traitement de ce trouble, stimulants et atomoxétine. La principale préoccupation a trait à la stimulation de la fonction cardiaque, et surtout au lien possible avec la mort subite. Autres points d’attention : l’influence des produits sur le comportement alimentaire, la croissance et le développement cérébral. Un protocole de sécurité pour la mise en place et le suivi d’une médication avec stimulants a été formulé qui, en très bref, préconise de mesurer dès le départ et durant tout le traitement, le poids, la taille, la pression artérielle et le pouls.
Mis en ligne le 20/9/13