Les examens complémentaires dans le sillage d’un test PSA positif – en l’occurrence une ou des biopsies – et les options curatives consécutives à un diagnostic de cancer de la prostate sont source d’angoisse, d’inconfort et de séquelles chez nombre d’hommes dont beaucoup ne ressentaient pas le moindre symptôme. Voire n’en auraient jamais ressenti vu l’évolution lente qui caractérise ce type de tumeur. Ils seraient décédés, certes, avec le cancer, mais pas du cancer.
Alors, faut-il dépister ou pas, en routine, les plus de 55 ans sans plainte ? Est-ce utile ou nuisible ? Impossible de trancher, admet le KCE, « même après avoir compulsé avec minutie la littérature ». Un effet favorable sur la mortalité est plausible (on parle de deux décès évités à 15 ans par 1.000 sujets dépistés). Les risques, en revanche, sont mieux documentés : systématiser cette analyse conduit à une surenchère de traitements invasifs dont les complications sont connues (impuissance et incontinence), parfois prématurés si pas superflus – car ils n’influencent pas fondamentalement le devenir du patient.
Si le dosage du PSA n’est plus remboursé en dépistage, cela n’empêche pas les hommes qui grisonnent de demander à leur médecin traitant « s’il ne vaudrait pas mieux, Docteur, vérifier quand même si… » Et le KCE en convient, ce n’est pas évident de justifier un refus, d’autant que « les médecins ont eux-mêmes régulièrement des difficultés à admettre que des examens préventifs réalisés au sein d’une population en bonne santé puissent faire plus de tort que de bien ». Le KCE a donc choisi d’armer le MG d’un outil d’aide à la décision validé scientifiquement (lire encadré), destiné à être utilisé face au patient afin de l’amener vers l’attitude la plus cohérente avec ses choix de vie personnels.
Dans ses recommandations, le KCE invite à une distribution et une « appropriation » large des messages de cet outil par toute une série d’instances concernées, des associations de patients aux acteurs de la promotion de la santé en passant par le CNPQ qui pourrait sensibiliser tous les médecins prescripteurs du test PSA et par la plate-forme EBM-PracticeNet susceptible de les rendre disponibles en temps réel en contexte clinique, notamment via un lien direct à partir du DMI.
Un outil pré-testé par des pairsLa brochure fait une vingtaine de pages.
Sur papier et en imagesLe plus simple, pour apprécier l’outil, est de faire un saut sur le site du KCE, où il est déjà téléchargeable en pdf, de même qu’un rapport intégral en anglais et une synthèse en français. Pour la petite histoire, le KCE a cette fois ajouté l’audiovisuel à la panoplie de diffusion : il propose un reportage de trois minutes auquel le Dr Lefevbre, président de la SSMG, a apporté sa contribution active. |
Mise en ligne : 13/06/2014