La journée de synthèse des tables rondes « continuité des soins en médecine générale », ce 21 septembre, a vu converger vers Bruxelles un nombre « impressionnant » – pour reprendre l’adjectif de Laurette Onkelinx – de représentants des cercles, universités, syndicats médicaux ou encore hôpitaux. La rencontre clôturait des sessions régionales tenues au printemps, à l’instigation du Conseil fédéral des cercles et du SPF Santé publique.
Il est impossible d’exposer ici l’ensemble des considérations débattues samedi, dont quelques-unes nécessitent des nuances par région. Pour aller à l’essentiel, disons que les cercles wallons, bruxellois et flamands s’accordent sur la pertinence d’organiser dans tout le pays un tri des appels aux secours médicaux, respectueux des spécificités des 1ère et 2ème lignes, effectué par des répondants spécifiquement formés, dans un cadre légal clair et avec un financement adéquat. S’appuyant sur des algorithmes décisionnels scientifiquement validés (et le cas échéant modulés localement), ce filtrage permettra de déclencher la réponse médicale la plus indiquée en fonction des besoins identifiés du patient appelant – et non plus de ses attentes ou préférences personnelles.
Continuité versus permanence
Les participants ont également confirmé la distinction à opérer entre les notions de permanence et de continuité des soins. La permanence s’entend comme la possibilité pour tout citoyen qui a un problème de santé d’accéder en tout temps à un professionnel des soins. Elle n’est pas l’apanage des généralistes. Il peut y avoir redistribution de la tâche sur davantage de dispensateurs (on songe bien sûr en premier lieu à la sphère hospitalière), dans un climat de complémentarité et non de rivalité. La continuité fait appel à la compétence particulière des généralistes à prendre en charge les cas des patients complexes et qui nécessitent un soin spécifique de MG (patients palliatifs, grabataires, résidents de MRS…). C’est là que se manifeste la plus-value de la discipline médecine générale. Un tri efficace lui permettrait de continuer à s’exprimer sans que les MG ne s’y épuisent (le tri ferait baisser le nombre d’appels au MG de garde : exit tant les choses différables que les urgences relevant de l’AMU).
« Compétence », et non plus « qualification »Laurette Onkelinx a détaillé à l’auditoire des mesures (récentes ou en gestation) allant dans le sens attendu. A commencer par le passage (effectif depuis début septembre) à une proportion de (minimum) 1 MG de garde /100.000 habitants en soirée et de 1 MG/300.000 après 23h. Vu la demande criante des cercles, la ministre a indiqué qu’elle allait réajuster à la hausse la demande d’extension de budget qu’elle venait d’introduire pour implanter le 1733 en Brabant wallon, Flandre occidentale et à Liège. Laurette Onkelinx a également promis des clarifications législatives sur une série de points d’attention (clarifications intégrées dans la loi santé en préparation et dont elle espère le vote d’ici fin 2013). Exemples : la garde attendue des MG pourra à l’avenir être endossée par des confrères non MG – on parlera de même compétence, et non plus de même qualification. Des médecins spécialistes, des urgentistes, pourront donc remplacer un MG. Les responsabilités respectives des différents protagonistes de la garde et du triage seront précisées. Si un cercle fait usage du 1733, la responsabilité sera transférée à l’Etat. Le préposé au 1733 pourra imposerà l’appelant l’intervention médicale qu’il juge appropriée, comme c’est le cas au 112. Le médecin individuel devrait avoir la latitude d’adhérer au 1733, ou pas. En réponse à la question prégnante de la sécurité, Laurette Onkelinx a rappelé l’existence d’un modèle de financement, à l’Inami, pour les cercles désireux de réorganiser leur garde, en ce compris l’aspect transport du patient et/ou du MG. La piste du chauffeur-accompagnateur est donc recevable. Le budget disponible a été porté de 11 à 17 millions d’euros en vertu du dernier accord médico-mut, ce qui a déjà permis de financer 15 nouveaux postes en 2013. Laurette Onkelinx demandera à son cabinet la confection d’un « plan garde » s’inspirant des conclusions des tables rondes, dans un délai de deux mois. |
Mis en ligne le 26/9/13