Une formation continue de qualité, cela tient à quoi ? C’est la question à laquelle Luc Lefebvre, le président de la SSMG, s’est attelé à répondre lors d’un « forum de la médecine générale » organisé début 2014 par le Service public de Wallonie, dans la perspective du transfert de compétences.
L’élaboration d’une formation continue digne de ce nom passe par quelques étapes essentielles. La première est une identification des besoins réels des destinataires, qu’ils soient ressentis ou démontrés par des feedbacks et autres évaluations. « Le but ultime n’est pas l’accumulation de connaissances, mais l’amélioration de la qualité des soins apportés aux patients », observe Luc Lefebvre. Selon les cas, il s’agira de travailler le savoir, le savoir-faire, le savoir-être… ou un mélange. Et vu la multitude des domaines de perfectionnement qui s’ouvrent au généraliste, il faudra hiérarchiser les sujets. La recette appliquée à cette fin par le collège des médecins de famille du Canada consiste à soupeser trois critères, illustre le Dr Lefebvre : la prévalence du problème, sa sévérité et la capacité d’intervention des MG.
Une fois les besoins identifiés, vient l’étape de la définition des objectifs de formation. Quelles doivent être les acquisitions des participants à l’issue des activités ? Et partant, par quelle méthode éducative y arriver ? Sachant qu’un adulte retient 10% de ce qu’il lit, 20% de ce qu’il entend, 30% de ce qu’il voit, 50% de ce qu’il voit et entend à la fois, 80% de ce qu’il dit et 90% de ce qu’il fait lui-même, il est impératif de sélectionner parmi toute la gamme de méthodes d’apprentissage (exposé magistral, e-learning, ateliers, peer-review…), la formule éprouvée la plus adéquate, en fonction du sujet, pour atteindre les objectifs fixés, en cherchant toujours à privilégier une participation active de l’auditoire. Et pour que la démarche soit complète, les organisateurs se devront de clôturer les rencontres par une évaluation de celles-ci par les participants.
De quoi relever la barre qualitative
Cette démarche permanente de réflexion et de remise en question, la SSMG se l’impose, elle qui est à la base de quasi 900 sessions accréditées à l’attention des MG francophones en 2013 (sur les 3.621 activités à avoir reçu un visa en médecine générale). Mais ce souci de la qualité n’est pas forcément de mise partout. « Pour engranger ses unités annuelles, le MG a la liberté totale du choix des activités. Or, aucun critère de qualité n’est exigé pour être organisateur reconnu au niveau de l’accréditation », fait remarquer Luc Lefebvre. « Il n’y a pas de contrainte de formation des animateurs ni d’évaluation. » Pour le président de la SSMG, dans pareil contexte, si des dérives sont identifiées, elles n’en restent pas moins difficiles à contrer. On songe par exemple à l’aspect parfois peu éthique que peut revêtir le sponsoring.
La SSMG appelle de ses vœux une réflexion conduisant à revoir la réglementation de l’accréditation, de sorte que seuls des organismes de formation qualifiés et reconnus soient habilités à dispenser des sessions accréditées. « 84% des MG sont engagés dans le processus de formation continue et de peer-review. La prime de 705 euros liée à l’accréditation est considérée comme un honoraire et thésaurisée comme telle. Elle n’est pas injectée dans la formation continue », commente le président. Une piste serait de convertir cette prime en chèques formation, que le médecin ferait valoir auprès de ces organismes experts reconnus comme tels, et de réaffecter le montant du forfait d’accréditation à soutenir ceux-ci dans leur mission. Les honorer pour les activités qu’ils proposent éviterait du même coup la dépendance à un sponsoring trop intrusif.
Mise en ligne : 28/3/2014