La dépression chez l’adolescent est un problème fréquent, touchant 4 à 5% de cette population, exposent les mutualités libres en se déclarant inquiètes des répercussions d’un épisode dépressif mal traité (abus d’alcool, décrochage scolaire, drogue, suicide…).
Le traitement, justement, est-il approprié ? L’organisme assureur a passé au crible les données de quasi 2.500 adolescents ayant consommé au moins un antidépresseur en 2011. Il a noté que seule une minorité des ados sous antidépresseur sont suivis par un psychothérapeute (11%, d’après les chiffres de remboursement de son assurance complémentaire). Or, fait-il observer, « d’après les recommandations, la prise en charge de la dépression chez les 12-18 ans devrait d’abord reposer sur la psychothérapie, en association avec un antidépresseur dans les cas de dépression sévère ».
Second constat à avoir émergé de l’analyse des statistiques internes : les antidépresseurs sont trop souvent consommés pendant une durée insuffisante. La mutuelle a en effet relevé que quasi un tiers des jeunes concernés (31%) prenaient ces médicaments pendant moins d’un mois, et 50% pendant moins de deux mois. Il soulève donc la question de l’utilité des prescriptions d’antidépresseurs selon ces schémas courts, « sachant que, pour une dépression majeure, la durée de traitement recommandée oscille entre six et neuf mois ».
Pour un remboursement des psychothérapies EBM
Les mutualités libres regrettent qu’un élément clé du suivi des ados dépressifs – la psychothérapie – reste encore financièrement inaccessible. Si l’assurance maladie obligatoire prend en charge les antidépresseurs, elle ne rembourse la psychothérapie que lorsque les séances sont menées par un psychiatre. « Ce qui en limite l’accès (entre autres à cause de la pénurie de psychiatres) », déplorent-elles. Conclusion logique et pertinente : elles plaident pour une accélération du processus de reconnaissance officielle des psychothérapeutes et des psychothérapies ayant fait leurs preuves, préalable pour un remboursement ne serait-ce que partiel de ces thérapies. « Cela permettra à terme de faire reposer la prise en charge des troubles psychologiques sur les recommandations thérapeutiques et non plus sur les moyens financiers des patients. »
Source : « Ados déprimés : un traitement inapproprié ? », mutualités libres, communiqué, août 2013
Quelques tendancesL’utilisation des antidépresseurs a grimpé de 45% entre 2004 et 2012, avec toutefois un infléchissement de cette progression depuis quatre bonnes années. Les consommateurs les plus fréquents se retrouvent parmi les 41-80 ans. Chez les adolescents, le recours aux antidépresseurs se stabilise. Entre 2007 et 2011, le nombre de jeunes traités a reculé de 11%. Mais malgré cette tendance générale, l’utilisation de certains antidépresseurs a encore augmenté chez les jeunes en 2011, a récemment signalé l’Inami. Le nombre de doses journalières d’escitalopram, de fluoxétine, de trazodone et de mirtazapine a augmenté d’environ 20% par rapport à 2007. « Même la plus récente bupropion est utilisée chez les jeunes, peut‐être pour une aide au sevrage du tabac. Ces médicaments ne sont pourtant pas destinés aux moins de 18 ans. Seule la fluoxétine peut être utilisée à partir de 8 ans pour le traitement de troubles dépressifs majeurs, avec une prise en charge psychothérapeutique concomitante. » Source : L’utilisation des antidépresseurs et des antipsychotiques, Pharmanet, Inami, juillet 2013. |